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Technique de prise de vue de la Rose de la Cathédrale St. Nicolas à Fribourg

Une conception technique au service de l’Art
Par Noël Aeby Photographe Senèdes

Introduction

Le drame de Notre Dame nous rappelle à quel point il est important de garder la mémoire des œuvres d’exception. La rose de la cathédrale St Nicolas de Fribourg en fait partie ainsi que les autres vitraux réalisés par des artistes comme Manessier et Mehoffer. Ces vitraux assemblés et mis en place par le maitre verrier Michel Eltschinger de Villars sur Glâne représentaient un défi au photographe que je suis. Photographier un vitrail avec les aléas de la météo et du changement constant de la luminosité était une gageure incontrôlable. J’ai donc décidé en 1988 de mettre en place une technique permettant de photographier ces vitraux avec un éclairage homogène et régulier afin d’en mettre en valeur toute la subtilité. Il s’agissait en fait de photographier cette Rose d’un diamètre de plus de 5m en plusieurs parties afin d’avoir la même luminosité pour chacune d’elles. Pour réaliser mon idée il fallait pouvoir accéder à la Rose depuis l’extérieur et empêcher toute pénétration de lumière parasite autre que celle fournie par les flashes installés dans les caissons fabriqués à cet effet. L’existence d’un échafaudage installé pour des travaux de réfection de façades m’a donné cette opportunité, j’ai ainsi pu établir une méthode de travail et préparer la réalisation de cette prise de vue sortant de l’ordinaire.

Illustrations

Illustrations des parties de la rose respectives avec les caissons fabriqués pour l’éclairage séquentiel par open flash et placement à l’intérieur de la chambre technique pour la prise de vue.

J’ai par la suite utilisé cette même technique pour d’autres travaux du même style mais d’une ampleur plus modeste. Il est évident qu’aujourd’hui les moyens numériques permettraient une approche plus simple mais je ne suis pas certain que le résultat serait aussi subtil.

Mise en place

Utilisation de l’échafaudage destiné à la restauration de la façade. Obscurcissement total de la partie concernant la Rose pour éviter la lumière parasite. Construction des 3 caissons épousant les formes spécifiques concernées. Installation des torches multi blitz permettant l’éclairage homogène à l’intérieur des caissons.

Matériel utilisé

 

  • Camera, chambre technique Sinar format 13x18, focale 210mm

  • Polaroid 4x5 inch pour les images de contrôle

  • Pellicule, Ektachrome format 13x18

  • Confection de 3 caissons équipés avec les multi blitz aux dimensions adaptées pour les parties distinctes de la Rose.

  • 3 Torches Multi blitz avec générateur

  • Téléphone câblé pour communiquer avec les collaborateurs manipulant les caissons à l’extérieur

 

Mise en œuvre

Travail effectué de nuit en open flash. D’où la nécessité de coordonner les actions extérieures avec le placement des caissons équipés des flashes et le photographe responsable de la prise de vue à l’intérieure.

Autre défi de taille exécuter 25 prises de vues sur la même pellicule avec un déplacement contrôlé des caissons d’éclairage en fonction du plan établi.

Procédé

A l’extérieur sur l’échafaudage, positionnement précis des caissons No 1,2 et 3 en fonction du programme établis, informer le photographe situé à l’intérieur près de la caméra à chaque étape, celui-ci ouvre l’obturateur et déclenche les flashs manuellement afin d’obtenir la meilleure homogénéité d’éclairage possible. Les caissons sont ainsi déplacés tout autour de la Rose pétale après pétale tout en suivant la même procédure. Ce travail a mobilisé 3 personnes durant toute une nuit. Des travaux similaires ont déjà été effectués sur du matériel Autochrome dans les années 1940 par le photographe Lorson pour les vitraux de Mehoffer.

Plus d'informations sur l'Autochrome

Conclusion

Le résultat obtenu peut être qualifié d’exceptionnel car la Rose est reproduite avec tous les détails respectant toutes les nuances et toutes les subtilités des couleurs. Ceci grâce au fait que l’intensité lumineuse et son homogénéité étaient totalement contrôlés.

Rédaction et mise en page : Georges Baechler